Copropriétés : inflation, prix de l’énergie, travaux de rénovation énergétique, quel état des lieux ?
Pour atteindre les objectifs de neutralité carbone de la France d’ici à 2050, le gouvernement a lancé le 15 avril dernier, un plan d’action visant à accélérer la décarbonation du parc immobilier français. La transition vers une énergie plus propre étant un enjeu capital.
Pour cela, le gouvernement a annoncé la mise en place d’un dispositif permettant d’accélérer la rénovation énergétique, et envisage ainsi la production d’1 million de pompes à chaleur d'ici à 2027. En effet, ces dernières consomment trois fois moins d’énergie que les systèmes traditionnels. Les mesures du gouvernement prévoient d’ailleurs de simplifier les normes pour faciliter l’installation des pompes à chaleur dans l’habitat collectif afin d’accélérer la transition énergétique des copropriétés.
Face à l'envolée des prix de l'énergie, les copropriétaires sont de plus en plus attentifs à ces enjeux de rénovation énergétique et souhaitent trouver des solutions durables. Hellio, pionnier des solutions de maîtrise de l’énergie, a réalisé la troisième édition d’une étude1 pour mesurer les attentes des copropriétaires. Quid du poids des charges de copropriété ? Quel regard face à la hausse des prix de l’énergie ? Les copropriétaires ont-ils pris la mesure de l’importance de réaliser les travaux de rénovation énergétique ? Quels sont les freins des copropriétés pour se lancer ?
Principaux enseignements :
Pour 65 % des répondants, le poids de l'énergie représente jusqu'à 30% des charges totales (chiffre en hausse de plus de 32 % entre 2021 et 2024). Une augmentation des charges qui engendre une forte inquiétude chez 60 % des copropriétaires. Une préoccupation renforcée par les prochaines hausses des prix de l’énergie (notamment celle du gaz en juillet prochain) et les évolutions réglementaires.
L’habitat collectif est concerné de près par la réalisation de travaux. En effet, le secteur du bâtiment représente 44 % de l’énergie consommée en France2. Pour inciter les syndics et les copropriétaires à passer à l’action et à améliorer la performance énergétique de leur immeuble, différentes mesures ont été adoptées ces dernières années.
La Loi Climat et Résilience vise notamment à encadrer la location des passoires thermiques. En effet, elles seront interdites à la location à horizon 2028 dans l’habitat individuel comme dans l’habitat collectif. En 2024, les copropriétés ont l’obligation de réaliser un projet de plan pluri-annuel de travaux (PPPT) pour les copropriétés entre 50 et 200 lots et d'un DPE pour celles de plus de 200 lots.
En 2024, 60 % des copropriétaires connaissent les obligations liées au DPE et au Plan Pluriannuel de Travaux (PPT) (une donnée en hausse de plus de 17 % par rapport à 2023). De même, 86 % sont informés de l'échéancier fixé par la loi Climat et Résilience, notamment sur l’interdiction des logements étiquetés E, F et G (près de 15 % d’augmentation en un an). En outre, 84 % des sondés estiment que cette mesure d’interdiction est justifiée et nécessaire car la rénovation des passoires thermiques est urgente. D’ailleurs, 63 % des copropriétaires connaissent l'étiquette énergétique de leur logement et 45 % des répondants estiment que l’étiquette énergétique de la résidence a joué un rôle lors de leur achat.
Par ailleurs, les copropriétaires souhaitent valoriser leur bien à travers la rénovation énergétique. 60 % d’entre eux souhaitent réaliser des travaux pour préserver et améliorer la valeur de leur logement.
En 2023, MaPrimeRénov' Copropriété a permis, selon le bilan de l'Anah, de financer plus de 30 000 travaux de rénovation énergétique sur les parties communes et les parties privatives d’intérêt collectif. Début 2024, le gouvernement est allé plus loin en renforçant le dispositif de l’Anah et en augmentant le budget de MaPrimeRénov’ de 600 millions d’euros.
Mais des freins persistent tout de même auprès des copropriétaires, notamment le coût jugé trop élevé des travaux de rénovation énergétique par 73 % d’entre eux. Le processus de décision en copropriété leur paraît également trop long. C’est le cas pour 43 % des personnes interrogées. La complexité des démarches administratives est aussi un obstacle pour 37 % des copropriétaires.
Malgré des réformes en profondeur, les dispositifs peinent également à se faire connaître. Si MaPrimeRénov' est identifiée par 81 % des répondants et l'Eco-prêt à taux zéro (Eco-PTZ) par 51 % des sondés, les autres solutions de financement, telles que les Certificats d'Économies d'Énergie (CEE) et les aides locales, demeurent méconnues du grand public.
1 Enquête réalisée en ligne entre le 26 février et le 5 mars 2024 auprès de copropriétaires, propriétaires bailleurs et locataires répartis sur toute la France à laquelle 425 personnes ont répondu. Comparatif des études réalisées en février 2023 à laquelle 376 personnes ont répondu et en octobre 2021 à laquelle 300 personnes ont répondu sur le même panel : copropriétaires, propriétaires bailleurs et locataires répartis sur toute la France.
2 https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/Cahier%20accompagnement_Axe1_Rénovation.pdf