Le bilan carbone de l’industrie est le troisième plus important en France. Si la trajectoire de décarbonation du secteur semble sur la bonne voie, les efforts doivent se poursuivre, voire s’accentuer. En effet, une partie des récentes baisses d’émissions de l’industrie est purement conjoncturelle. De plus, la thématique de l’adaptation au changement climatique est encore trop peu évoquée. Découvrez le bilan carbone de l’industrie, ainsi que la méthode pour calculer les émissions d’une entreprise évoluant dans ce secteur.
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L’INFO HELLIO
Cet article reprend les données du bilan carbone de l’industrie de 2022, car il s’agit des derniers chiffres définitifs, au moment de la rédaction (octobre 2024). Ce choix est lié à la méthodologie du Citepa. Chaque rapport Secten publié présente les chiffres consolidés pour l’année N-2, ainsi que des estimations pour l’année N-1. Des données provisoires du bilan carbone national 2023, ainsi que des estimations mensuelles pour 2024 sont déjà disponibles. Cependant, elles peuvent encore évoluer de manière significative.
L’industrie manufacturière et la construction constituent un secteur très hétérogène. De nombreux procédés sont spécifiques à certains sous-secteurs ou produits. La variabilité des caractéristiques des installations est également très importante. C’est pourquoi il est indispensable d’analyser en détail chaque sous-secteur, tant au niveau des émissions que des enjeux de transition.
Dans le cadre de la comptabilité carbone nationale, le secteur nommé « industrie manufacturière et construction » se compose de 9 sous-secteurs. Voici les différents domaines inclus, ainsi que leur participation respective aux émissions de GES de l’industrie en 2022.
Sous-secteurs de l’industrie |
Émissions de GES |
Part du secteur |
Minéraux non-métalliques, matériaux de construction |
18,5 MteqCO2 |
26 % |
Chimie |
16,6 MteqCO2 |
23,4 % |
Métallurgie des métaux ferreux |
14,2 MteqCO2 |
20 % |
Agroalimentaire |
8 MteqCO2 |
11,3 % |
Construction |
3,9 MteqCO2 |
5,5 % |
Biens d’équipements, matériels de transport |
3,2 MteqCO2 |
4,5 % |
Papier, carton |
2,2 MteqCO2 |
3,1 % |
Métallurgie des métaux non-ferreux |
2,1 MteqCO2 |
3 % |
Toutes les autres industries manufacturières (ex : imprimerie, travail du bois, tannage du cuir) |
2,4 MteqCO2 |
3,4 % |
Notons que certaines sources d’émissions liées à l’activité des entreprises de l’industrie et de la construction sont comptabilisées dans d’autres secteurs. L’artificialisation des sols lors de la construction et le transport de marchandises sont ainsi absents du bilan carbone de l’industrie. C’est aussi le cas du traitement centralisé des déchets industriels, de la production centralisée d’électricité et de la production de chaleur.
2023 est la deuxième année consécutive de réduction importante des émissions de GES pour ce secteur, après le rebond post-Covid. D’après le Haut Conseil pour le Climat (HCC), près de la moitié de cette baisse peut s’expliquer par la diminution de la production. Des résultats en partie liés à la conjoncture – notamment aux prix élevés de l’énergie – mais qui restent encourageants.
Le rythme de réduction des émissions de GES de l’industrie de ces 5 dernières années est cohérent avec les objectifs de la SNBC. Mais il va falloir redoubler d’efforts pour maintenir cette trajectoire sans se reposer sur des effets conjoncturels pouvant entraîner un rebond des émissions.
LE CHIFFRE HELLIO : 45 MteqCO2
Il s’agit du budget carbone provisoire de l’industrie pour l’année 2030, dans le cadre du projet de révision de la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC-3). Si elle est confirmée, cette nouvelle cible nécessitera une réduction des émissions de GES du secteur de 10 MteqCO2 supplémentaires, par rapport aux objectifs actuels.
Un projet de bilan carbone ?
Pour réduire le bilan carbone de l’industrie, il est indispensable d’améliorer l’efficacité énergétique des entreprises. Le bilan GES réglementaire et les audits énergétiques constituent des outils efficaces pour optimiser les gains. Réduire la demande en énergie et en matière par produit nécessite également une amélioration des procédés de fabrication des entreprises. Plus largement, la SNBC recommande de poursuivre le soutien à l’innovation des procédés d’efficacité énergétique.
L’INFO HELLIO
Comme le rappelle le HCC dans son rapport annuel 2024, les enjeux d’adaptation du secteur industriel sont encore largement délaissés. Si la création des prêts verts garantis par l’État dirigés vers l’adaptation est encourageante, elle reste insuffisante pour répondre à ce défi. Les entreprises doivent se saisir de cet enjeu pour inscrire leurs activités dans une démarche durable cohérente avec le changement climatique.
En considérant la production industrielle comme un cycle, l’économie circulaire agit à chaque étape de la vie des produits. En développant l’éco-conception, le recyclage et la réutilisation de matière, le bilan carbone de ces derniers peut être fortement diminué. Cette démarche éco-responsable permet aussi de limiter la production de biens neufs. La SNBC prévoit des objectifs de recyclage élevés pour l’acier, l’aluminium, le verre ou encore le papier.
La substitution des matériaux fortement émetteurs de GES est aussi un sujet à part entière. Les gaz fluorés, utilisés notamment dans les équipements du froid et de la climatisation, font partie des premiers concernés. Au vu de leur très fort pouvoir de réchauffement global (PRG), leur gestion, substitution et récupération constituent des enjeux majeurs pour l’industrie.
Le secteur de l’industrie utilise encore trop lourdement les énergies fossiles. La réduction de cette consommation et le développement d’énergies renouvelables sont essentiels pour diminuer le bilan carbone du secteur. Cette transition peut s’opérer via la substitution de combustibles fossiles par des combustibles moins émetteurs, comme :
D’autres leviers, comme la valorisation de la chaleur fatale sur les sites industriels et via les réseaux de chaleur sont également cités par la SNBC. En complément de l’électrification des procédés, le Haut Conseil pour le Climat propose de développer l'hydrogène décarboné. Parmi les leviers de transition moins matures, on peut également citer les technologies de capture, stockage et utilisation du carbone.
Le bilan carbone d’une entreprise industrielle reprend les mêmes étapes de comptabilité carbone que tous les autres secteurs. Les différentes méthodes disponibles sont intersectorielles et peuvent donc être suivies par tout type d’organisation publique ou privée. Pour réaliser son inventaire de gaz à effet de serre, il est possible de suivre différentes méthodologies reconnues en France comme à l’international. Il peut s’agir de la méthode réglementaire BEGES ou encore du Corporate Standard porté par le célèbre GHG protocole (Greenhouse Gas Protocol).
Au niveau national, l’approche la plus utilisée est la méthode Bilan Carbone®, portée par l’Association pour la transition Bas Carbone. Elle comprend à la fois le calcul des émissions de GES, mais aussi la création d’un plan de réduction de ces dernières. Voici les 7 grandes étapes du Bilan Carbone® :
Si le Bilan Carbone® et les autres méthodologies de comptabilité carbone sont intersectorielles, il existe des ressources complémentaires pour différents secteurs. L’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) recense notamment plusieurs guides sectoriels. Pour l’industrie manufacturière, peu de référentiels sont disponibles. On peut cependant citer les guides sectoriels de la chimie, des granulats, ou encore de l’agroalimentaire, associé avec le secteur de l’agriculture. Il existe également un guide sur la réalisation d’analyses environnementales, dans le cadre de travaux publics.
À lire aussi : Bilan carbone de collectivité
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