Le branchement électrique à quai permet d’alimenter un navire via le réseau terrestre pendant son escale sans utiliser ses moteurs auxiliaires. Cette solution, au cœur des objectifs de décarbonation du transport maritime et fluvial, fait l’objet d’un cadre réglementaire renforcé et peut bénéficier d’aides financières, dont la prime CEE.
En quoi consiste un branchement électrique à quai ?
Le branchement électrique à quai, aussi appelé “courant quai” ou “connexion quai à bord”, permet à un navire à l’arrêt de s’alimenter en électricité via le réseau terrestre, sans recourir à ses moteurs diesel auxiliaires. Il s’agit d’un levier concret pour réduire l’impact environnemental des escales.
En France, selon l’Ademe, plus de 70 % de l’électricité est décarbonée. Le branchement à quai limite fortement les émissions locales par rapport aux moteurs diesel.
Lorsqu’un navire est à quai, il continue d’utiliser de l’énergie pour ses systèmes à bord (éclairage, ventilation, sécurité, confort, etc.). Le branchement électrique lui permet d’être alimenté par le réseau du port. La connexion s’effectue en moins d’une minute, via des équipements spécifiques installés sur le quai et à bord.
La mise en place d’un système de branchement électrique à quai implique des aménagements spécifiques :
Côté port :
- poste électrique dédié avec protections,
- convertisseur de fréquence,
- système de gestion des câbles (CMS),
- potences électriques ou prises adaptées (jusqu’à 2 MW),
- câblage haute tension connecté au réseau public.
Côté navire :
- tableau électrique secondaire,
- transformateur abaisseur si nécessaire,
- prises et connecteurs compatibles,
- pour les petits navires : prise 230 V, câbles marinistes, disjoncteurs et transformateur isolant.
Pourquoi développer le branchement électrique à quai ?
Le branchement électrique à quai répond à plusieurs enjeux : environnement, réglementation et performance économique.
Réduire les émissions polluantes des navires
À l’arrêt, sans raccordement au réseau électrique du port, les navires utilisent des moteurs thermiques pour produire de l’électricité, générant CO2, NOx, SOx, particules fines et COV. En France, les particules fines causent environ 40 000 décès prématurés par an selon l’Ademe.
Grâce au branchement à quai, ces émissions sont évitées. Cela contribue directement à l’amélioration de la qualité de l’air en zone portuaire.
Respecter les obligations réglementaires en termes de consommation énergétique
Deux règlements européens imposent l’électrification des quais à horizon 2030 :
- AFIR (UE 2023/1805) : obligation pour les ports RTE-T (réseau transeuropéen de transport) de fournir une alimentation électrique pour les navires à passagers et porte-conteneurs dont la jauge brute est supérieure à 5 000 GT,
- FuelEU Maritime : obligation pour les navires concernés de se brancher si l’infrastructure est disponible.
Certaines collectivités peuvent imposer des exigences locales supplémentaires pour décarbonner le transport. Le cadre réglementaire principal est européen.
S’inscrire dans la stratégie nationale bas-carbone
L’électrification des quais s’inscrit dans les engagements de la France en matière de réduction des émissions du secteur des transports.
Cette solution contribue à :
- réduire l’empreinte carbone du fret maritime et fluvial,
- améliorer l’acceptabilité sociale des ports,
- soutenir une filière industrielle française.
L’électrification à quai d’un paquebot faisant escale pendant 12h dans un port peut éviter l’émission de 100 tonnes de CO2 et de 2 tonnes d’émissions polluantes selon Haropa Port.
Optimiser les coûts et les performances à quai
En plus des bénéfices environnementaux, le branchement à quai présente plusieurs avantages techniques et économiques pour les acteurs du maritime :
- des économies de carburant,
- une alimentation stable et continue,
- une connexion rapide,
- la création d’une offre de services énergétique pour les ports.
Comment fonctionne l’aide CEE pour le branchement électrique à quai ?
Le branchement électrique des navires ou bateaux à quai est éligible au dispositif des certificats d’économies d’énergie (CEE) via la fiche standardisée TRA-EQ-124.
Pour qu’une opération soit éligible, les critères suivants doivent être remplis :
- couvrir les besoins vitaux du navire (sécurité, cargaison, passagers),
- être raccordé à un compteur individualisé,
- être conforme à l’arrêté du 8 décembre 2017 (pour les navires nécessitant une puissance supérieure à 1 MW),
- ne pas être utilisée pour les mises en cale sèche ou réparations,
- ne pas concerner un navire 100 % électrique.
Il faut par ailleurs fournir quelques justificatifs au moment de la demande de CEE pour le branchement électrique à quai :
- une preuve de réalisation (installation complète et compteur raccordé),
- un relevé de consommation électrique ainsi que les factures de distribution d’électricité afférentes, sur 6 mois consécutifs minimum, validé par l’autorité portuaire.
Le délai entre la preuve et la fin du relevé ne peut excéder 24 mois.
Le volume de CEE dépend ensuite de l’énergie réellement consommée à quai. Il est calculé selon la formule suivante :
Volume de CEE (en kWh cumac) = Q × Coefficient
- Q = quantité d’énergie consommée à quai, exprimée en kWh (hors navires 100 % électriques)
- Coefficient :
- 13,4 pour un port maritime
- 45 pour un port fluvial
Une infrastructure maritime qui va fournir 5 000 000 kWh à des navires à quai sur une période de 6 mois génère 67 millions de kWh cumac.
Quelles autres aides peuvent compléter la prime CEE ?
D’autres aides peuvent soutenir les projets de branchement à quai, selon leur nature et leur localisation.
Aides locales et régionales
Des financements peuvent être mobilisés via :
- les collectivités territoriales,
- les autorités portuaires,
- des partenariats publics-privés.
Ces aides varient selon les zones et ne sont pas systématiques.
Aides nationales
L’ADEME apporte un soutien sous forme :
- de subventions directes,
- de cofinancements via France 2030,
- d’aides spécifiques aux équipements embarqués.
Aides européennes
Les règlements AFIR et FuelEU Maritime imposent des obligations qui permettent, sous conditions, de mobiliser des fonds européens pour la mise en conformité des ports.