Après plusieurs allers-retours, la France a remis la version définitive de son Pniec (plan national énergie-climat) pour 2030 à la Commission européenne, qu’elle a publié le 10 juillet 2024. Ce plan décrit comment la France entend répondre à ses objectifs climatiques à l’horizon 2030. L’objectif est de se conformer au paquet « Fit-for-55 », dit Pacte vert qui vise à atteindre la neutralité climatique d’ici 2050. “La France devra désormais baisser ses émissions de gaz à effet de serre de 5 % chaque année entre 2023 et 2030, contre 2 % de réduction annuelle en moyenne de 2017 à 2022”. Hellio, spécialiste de la maîtrise de l’énergie, propose son décryptage.
La stratégie de décarbonation française s’appuie sur l’énergie nucléaire et insiste sur la diminution de la part des énergies fossiles. Elle se fonde sur deux piliers : le renforcement du parc nucléaire actuel et la construction de nouveaux réacteurs, avec le développement des énergies renouvelables électriques.
Contrairement aux précédentes versions du plan énergie climat, la France affirme ses ambitions en matière d’énergies renouvelables et se conforme ainsi à la directive sur les énergies renouvelables adoptée en mars 2023. Le plan indique que la consommation énergétique finale d’origine renouvelable s’élèvera à 570 TWh en 2030 avec une projection d’une consommation finale d’énergie totale de 1381 TWh. Leur part a d’ailleurs progressé de 40 % dans le mix énergétique depuis 2012. En outre, le plan ambitionne d’augmenter la capacité photovoltaïque de 54 à 60 GW en 2030 et l’éolien terrestre de 33 à 35 GW, et d’implanter l’éolien en mer avec une capacité de 3,6 GW. Toutefois, la France reste en deçà de l’objectif de 42,5 % d’énergies renouvelables dans la consommation finale en 2030.
Le plan énergie climat prévoit une réduction de 30 % de la consommation énergétique finale d’ici 2030 par rapport à 2012, c’est-à-dire une consommation de 1 243 TWh d’énergie finale et de 1 844 TWh d’énergie primaire en 2030.
Cette réduction intègre les objectifs de réindustrialisation qui impliqueront d’augmenter la production électrique pour décarboner l’industrie et maintenir sa compétitivité.
De plus, l’objectif de « bâtiment basse consommation » pour 2050 fixé à l'article L.100-4 du code de l'énergie sera mis à jour pour se conformer à l'objectif européen d'un parc immobilier zéro émission d'ici 2050.
Le plan énergie climat souligne enfin les deux fondements du financement de la rénovation énergétique : MaPrimRénov’ (MPR) et les Certificats d’économies d’énergie (CEE). Ces deux dispositifs ont beaucoup évolué, notamment en 2024 pour augmenter le nombre de rénovations tout en diminuant le reste à charge qui peut descendre jusqu’à 10 % du montant des travaux pour les plus précaires. Le plan énergie climat fixe l’objectif d’une augmentation du nombre annuel de rénovations d’ampleur à 400 000 logements individuels et 200 000 logements collectifs d’ici 2030.
Le Pniec projette également un doublement progressif des économies d’énergie issues des CEE lors de la 6ème période (2026-2030) compris en moyenne par an entre 1250 TWhc et 2500 TWhc conformément à la directive européenne sur l’efficacité énergétique et à la Stratégie française sur l’énergie et le climat (SFEC). A titre de comparaison, le plan énergie climat fixe un objectif de réduction de la consommation énergétique finale de 1 510 TWh en 2023 (données provisoires) à 1 243 TWh d’ici 2030. Le dispositif des Certificats d’économies d’énergie, comme le souligne le Pniec, confirme ainsi son rôle de principal instrument d’incitation pour engager des opérations d’économies d’énergie à destination de l’ensemble des secteurs d’activité.
Chiffres clés : objectifs à horizon 2030 Objectif de baisse des émissions de gaz à effet de serre :
Mix énergétique :
Objectifs d’énergies renouvelables :
|