Rénovation globale des logements : de la Convention Citoyenne pour le Climat au projet de loi Climat et Résilience
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Fin de 2020, la Convention Citoyenne pour le Climat regroupant 150 citoyens rendait ses propositions pour trouver une réponse aux enjeux climatiques et sociétaux des 30 prochaines années. Au cœur des débats, la transition écologique et la rénovation énergétique afin de réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre. Obligation de rénovation, rénovation globale, freins opérationnels et financiers, création d’un nouvel acteur d’accompagnement, Marina Offel, responsable des affaires publiques et juridiques chez Hellio fait le point sur les recommandations actuellement débattues dans le cadre de la loi Climat et Résilience, issue de cette convention des citoyens.
Marina : Oui en effet. Tout d'abord, quelques mots pour définir la Convention Citoyenne pour le Climat. Une solution politique à la crise des gilets jaunes qui a impacté la société fin 2018 a été de réunir 150 citoyens dans le cadre d'une Convention Citoyenne pour le Climat. Solution inédite pour que ces citoyens trouvent une réponse aux enjeux climatiques mais également sociétaux, puisque la France a un réel objectif à lutter contre la précarité. Mais comment allier fin du monde et fin du mois ? C'est en tout cas l’un des défis qui a été donné à ces 150 citoyens.
Marina : Oui. L’une des idées principales de cette Convention Citoyenne pour le Climat a été de défendre une obligation de rénovation des bâtiments, c'est-à-dire d’obliger les propriétaires à rénover leur logement, en isolant les combles, en changeant leur chaudière pour des équipements plus performants ou en changeant les fenêtres par exemple afin d’économiser l'énergie dans leur maison.
Marina : Alors l'obligation est une idée qui n'est pas nouvelle au sein des professionnels du secteur. En revanche, c'est la 1ère fois qu’elle fait l’objet d’une incarnation politique dans le cadre de prêts qui pourraient être imposés par une loi ou une réglementation. On a senti chez les professionnels des réactions plutôt défavorables pour cette obligation de rénovation des bâtiments qui avait en outre une ambition: rénover de façon globale les logements. C’est-à-dire, ne pas changer seulement ses fenêtres, mais faire un ensemble de travaux qui permettent vraiment de réduire la consommation d'énergie, donc travailler sur l'enveloppe du logement, sur le chauffage, sur la ventilation pour réduire globalement sa consommation d'énergie de 55 %.
On comprend l’idée de cette obligation, les citoyens voulaient donner une ambition très forte dans notre lutte contre la précarité énergétique et les enjeux climatiques. En revanche, il y a des freins évidents qu’il va falloir travailler. Le 1er est financier. La rénovation globale d'une maison se chiffre entre 45 000 et 90 000 €, une somme colossale pour un ménage et se rentabilise sur de nombreuses d'années. On peut donc comprendre que le frein financier fasse peur même s’il existe en face des aides financières privées et publiques pour diminuer le reste à charge des ménages à la fin des travaux. Dans tous les cas, ces aides financières ne permettent pas de financer l’ensemble des travaux à 100 %;on approche le plus souvent des 40 %. Il existe aussi des prêts bancaires, mais on connaît la frilosité des banques en ce moment à accorder un prêt pour rénover sa maison. Donc le frein financier est évident et il a fait réagir beaucoup de parties prenantes face à la convention citoyenne pour le climat.
Le 2ème frein est opérationnel. Lorsqu’on veut changer ses fenêtres, isoler ses combles et changer sa chaudière, il est difficile de savoir vers qui se tourner, et les questions que l’on se pose affluent: qui peut m’accompagner pour faire mes travaux ? L’artisan que je connais ou qu'on me conseille est-il de confiance ? Est-ce qu’il n’y aura pas d'arnaque? etc. L'artisan doit être labellisé RGE, il ne doit pas avoir de fraudes à son label et on sait que les arnaques à la rénovation énergétique sont très médiatisées. Il y a donc là un frein opérationnel qui n'est pas résolu aujourd'hui, les ménages n’ont pas encore le réflexe et la confiance pour engager de tels travauxmalgré les efforts du secteur, malgré le fait que des entreprises comme Hellio essayent vraiment d'accompagner les particuliers de A à Z dans leur projet d'économies d’énergie.
Marina : Oui, il s’agit du projet de loi Climat et Résilience qui reprend certaines recommandations consensuelles de la Convention Citoyenne pour le Climat. C’est en bonne voie, le projet a été adopté à l'Assemblée nationale et passe au Sénat.
« Le frein financier toutefois demeure: une rénovation globale de sa maison, c'est entre 45 000 et 90 000 € et aujourd'hui, c'est ce que l’on pense chez Hellio, aucune contrepartie ou éléments laissent à penser que les banques vont continuer à jouer le jeu. C'est un défi qu'on essaie de relever chez Hellio, essayer de trouver des solutions de tiers financement. On le fait déjà pour l'isolation des combles ou pour le système de chauffage quand c'est trop onéreux, on essaye toujours d'avancer les frais ou de trouver des solutions. Mais en revanche, quid de la rénovation globale ? » - Marina Offel
*Au moment de l'enregistrement, le débat était débattu à l'Assemblée Nationale