Témoignage de Sacha Bentolila, chargé des relations avec le Parlement et des questions environnementales pour l’Association des Petites Villes de France (APVF). Cette structure porte la voix de ces territoires pour les replacer au cœur de la transition énergétique et écologique. Cet échange a été l’occasion de revenir sur son organisation, l’ambition et les freins rencontrés par les petites villes dans “leur” propre transition.
Sacha Bentolila : L’Association des Petites Villes de France fédère depuis 30 ans les petites villes de 2 500 à 25 000 habitants pour promouvoir leur rôle spécifique dans l’aménagement du territoire. Elle compte aujourd’hui près de 1 200 adhérents, présents dans tous les départements de France métropolitaine et d’Outre-Mer.
Sa mission consiste à :
Sacha Bentolila : Nous avons des villes péri-urbaines comme Sceaux et des villes plus rurales comme Saint-Flour. Nos adhérentes sont en majorité des villes de moins de 10 000 habitants. Aussi, la présence d’élus issus de différents horizons politiques favorise le dialogue et le partage d’idées. Les Outre-Mer sont également représentés à l’APVF et dans ses instances.
Sacha Bentolila : Les organes de l’APVF se composent d’un Président, d’un Président délégué ainsi que de Vice-présidents. Il y a également un bureau et un conseil d’administration qui se réunissent plusieurs fois dans l’année pour arbitrer certains sujets et réfléchir sur les enjeux à venir pour les petites villes. Afin de renforcer sa vision prospective, l’APVF s’est dotée d’un conseil scientifique qui se réunit plusieurs fois par an.
Sacha Bentolila : Je m’occupe des questions environnementales (transition énergétique, mobilité durable, biodiversité, mobilité), un sujet qui m’intéresse depuis longtemps. Je m’occupe également des relations avec le Parlement. L’APVF étant une petite structure nous avons la possibilité d’être réactifs et de prendre position rapidement sur les sujets qui intéressent les petites villes.
Sacha Bentolila : Notre contribution au Grand Débat, mais aussi notre contribution au Monde d’Après sortie récemment fait des propositions sur la mobilité, les finances publiques, le logement ou encore la décentralisation et la transition écologique. En la matière, l’APVF défend une transition écologique :
Nous portons également des propositions sur l’économie circulaire, les nouvelles mobilités ou encore les énergies renouvelables.
Sacha Bentolila : L’énergie la moins chère et la moins polluante est celle que l’on ne consomme pas. Lutter contre la précarité énergétique revient à s’attaquer aux défis environnementaux mais aussi sociaux. De nombreux habitants de petites villes rencontrent aujourd’hui des difficultés pour se chauffer.
C’est pourquoi l’APVF considère que l’efficacité énergétique doit être au cœur de la politique environnementale.
Sacha Bentolila : Notre structure s’efforce de défendre auprès des décideurs une transition écologique plus locale et plus sociale tout en accompagnant les petites villes dans cette transition.
Associée à toutes les réunions ministérielles sur ce sujet, l’APVF est un véritable intermédiaire entre l’État et les territoires. L’APVF accompagne également et conseille ses adhérents dans ce domaine.
Sacha Bentolila : Malgré le manque d’ingénierie dans les territoires, ces derniers n’hésitent pas à mettre en œuvre des projets toujours plus innovants. Nous avons sorti récemment des fiches du développement durable qui mettent en avant ces initiatives dans les petites villes. La place accordée aux propositions environnementales dans le programme des candidats aux municipales prouve bien l’envie des territoires d’accélérer la transition écologique.
Cette envie se retrouve notamment en matière de rénovation énergétique malgré le changement permanent des règles en la matière.
Sacha Bentolila : L’APVF suit de très près ces deux dispositifs. Mais ce n’est pas le cas pour tous nos élus.
La complexité des dispositifs et leur perpétuelle évolution fait que certains élus peinent à bien les appréhender. Par exemple, ce sont en grande partie des grandes intercommunalités qui ont candidaté aux CTE.
Sacha Bentolila : La question des délais est en effet essentielle pour les petites communes. Un mois de différence est une différence importante pour des maires qui doivent souvent tout faire tout seul. Cette question des délais est fortement liée aux questions d’ingénierie. C’est parce que les petites collectivités manquent d’ingénierie qu’elles ne peuvent pas bien remplir leur dossier.
Sacha Bentolila : Comme évoqué dans mes précédentes réponses, les petites villes rencontrent deux principales difficultés en la matière :
Sacha Bentolila : Comme lors de la campagne électorale, la transition écologique va être au cœur du mandat municipal pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, comme dans bien d’autres sujets, l’élu local a bien conscience de l’urgence écologique et de la nécessité d’agir.
La demande citoyenne est également forte, notamment dans les petites villes. Les citoyens veulent des produits issus des circuit-courts, des mobilités douces et des énergies propres.
Enfin, l’échelon local est le bon échelon pour mener à bien cette transition. Les énergies renouvelables, les mobilités douces, la rénovation énergétique, les circuits courts sont des sujets avant tout locaux.
Sacha Bentolila : Même si la compétence environnementale ne relève pas directement des communes, elles ont un rôle essentiel à jouer à plusieurs niveaux en la matière.
Les municipalités sont avant tout des exemples. Elles doivent montrer la voix en étant écologiquement exemplaire, notamment au niveau des bâtiments municipaux.
Le maire et les élus locaux doivent dans le même temps impulser un dynamique sur le territoire. Les maires sont les « ambassadeurs » de la transition écologique dans les territoires.
Enfin, les maires doivent accompagner dans la limite de leur compétence les initiatives en faveur de la transition écologique sur leur territoire. Ils peuvent notamment agir sur le volet sensibilisation ou recyclage.
Sacha Bentolila : Les petites villes ont bien en tête le lien entre crise sanitaire et crise écologique. C’est pourquoi, elles n’ont pas oublié leur engagement environnemental durant la crise. Certains élus ont par exemple réduit l’éclairage public durant le confinement pour réduire leur empreinte carbone. D’autres élus ont également fait un gros travail de sensibilisation pour que les habitants continuent à recycler.
Sacha Bentolila : Tout au long de la crise, l’APVF a continué à fonctionner à plein régime et même parfois à un plus gros rythme que d’habitude. Les élus des petites villes, mais aussi le gouvernement, avaient besoin d’une association réactive et force de proposition pour faire face à cette crise.
Nous avons publié pour les élus locaux de nombreux décryptages qui ont ensuite été complétés par des webinaires portant notamment sur l’élection municipale en période de Covid-19. Un nouveau webinaire est prévu le mardi 30 juin prochain sur les emplois de direction de cabinet. Dans le même temps, nous avons porté la voix des petites villes auprès des décideurs publics et avons participé à de nombreuses réunions ministérielles.
Dans une période aussi compliquée pour les élus locaux, nous tenions également à favoriser le partage de bonnes pratiques avec la publication de témoignages d’élus locaux mais aussi la rédaction de notes bonnes pratiques confinement et déconfinement.
Enfin, nous avons fait des propositions ambitieuses et concrètes pour le « Monde d’Après » que vous pouvez retrouver dans notre contribution sortie il y a quelques semaines. Comme nous avons pu le rappeler au sein même de cette contribution, les territoires doivent être au cœur de la relance.
[1]Les contrats de transition écologique sont une démarche innovante pour accompagner et soutenir la transformation écologique des territoires. Ils illustrent la méthode souhaitée par le Gouvernement pour accompagner les collectivités locales : une co-construction avec les territoires d’une transition écologique génératrice d’activités économiques et d’opportunités sociales.